Marché des changes : la roupie jongle difficilement entre dépréciation et stabilisation
Marché des changes : la roupie jongle difficilement entre dépréciation et stabilisation

Depuis cinq ans, la roupie mauricienne affiche une dépréciation suivie d’une stabilisation. Les experts analysent ses perspectives pour décembre 2025 et les mesures nécessaires pour limiter la volatilité.
Depuis cinq ans, la roupie mauricienne a connu une évolution marquée par une dépréciation suivie d’une période de relative stabilisation. Selon Cédric Béguier, responsable de la stratégie d’investissement chez AXYS, la période 2020–2025 a été caractérisée par des chocs initiaux, notamment liés à la crise sanitaire mondiale et aux perturbations économiques qui ont suivi. « Après les chocs de 2020–2022, le taux USD/MUR a atteint un pic entre 47 et 48 au début de 2025 avant de se stabiliser autour de 46 au second semestre », explique-t-il. Cette évolution s’accompagne d’un mouvement similaire pour l’euro, passé d’environ Rs 48 à une zone de Rs 52–54, et pour la livre sterling, qui s’est située entre Rs 59 et Rs 62 sur l’année.
L’évolution récente de la roupie ne résulte pas d’un changement de régime formel, mais plutôt d’un ajustement dans la conduite monétaire de la Banque de Maurice. Depuis 2023-2024, la banque centrale intervient plus fréquemment pour lisser la volatilité et fournir de la liquidité, tout en publiant ses taux d’intervention. Selon Cédric Béguier, ces mesures ont réduit les mouvements brusques du taux officiel, mais des frictions d’accès persistent pour certains importateurs, créant un marché à deux vitesses entre le taux affiché et la disponibilité réelle des devises.
Alexandre Sanchini, CEO de Blue Ship Capital, observe une tendance plus longue. « Les graphiques de l’évolution de la roupie contre l’euro et le dollar montrent une baisse modérée de -12 % et -15 % respectivement sur cinq ans, soit une diminution de 2 % à 3 % par an. C’est le rythme habituel de baisse depuis plusieurs décennies et il n’y a pas de corrélation claire avec l’action d’un gouvernement en particulier », dit-il. Pour Alexandre Sanchini, l’évolution de la roupie s’inscrit donc dans une logique structurelle qui dépasse les politiques économiques ponctuelles.
