La Colombe : une boîte à lettres pour soutenir les enfants en détresse

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Une nouvelle initiative offrant aux enfants un moyen sûr et confidentiel de demander de l’aide a été lancée hier au Sir Harilall Vaghjee Memorial Hall, à Port-Louis, par le ministre de l’Éducation et des Ressources humaines, Dr Mahend Gungapersad, et la Présidente de l’Assemblée nationale, Mme Shirin Aumeeruddy-Cziffra, en présence des Junior Ministers ainsi que de plusieurs députés et membres du Caucus parlementaire du genre.

Le projet La Colombe, introduit des boîtes à lettres spécialement aménagées dans les écoles du pays, où les enfants confrontés à des difficultés ou à la détresse peuvent exprimer leurs expériences par écrit. Ces lettres seront lues de manière confidentielle par des adultes responsables, dotés des valeurs éthiques nécessaires pour apporter un soutien approprié aux enfants. L’objectif global est de protéger les enfants et de promouvoir une culture de paix, d’empathie et de protection au sein de la société mauricienne.

L’initiative La Colombe s’inscrit dans le cadre des activités marquant les 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, une campagne nationale débutée le 26 novembre 2025. Cette campagne, organisée par l’Assemblée nationale et le Bureau du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) Maurice & Seychelles, vise à sensibiliser la population à la prévention de toutes les formes de violence dans le pays, avec une attention particulière portée à la violence basée sur le genre.

Dans son discours, le ministre de l’Éducation a souligné le symbolisme de la colombe, emblème de paix et d’amour, tout en insistant sur l’urgence de briser les cycles de violence et de protéger les plus vulnérables. Il a salué cette initiative comme un moyen permettant aux enfants de « déposer leur souffrance dans une boîte » afin de recevoir l’aide d’adultes de confiance.

Le Dr Gungapersad a également mis en lumière les récits et comportements néfastes présents dans certains foyers, qu’il estime être à l’origine de l’intimidation et du harcèlement qui naissent à la maison avant de se propager dans la société. Il a déploré qu’au lieu d’enseigner l’amour, l’empathie et la compréhension, certaines attitudes conduisent à stigmatiser les enfants en raison de leur apparence physique ou de leur situation socio-économique. Il a appelé à refonder les valeurs sur la compassion et la bienveillance.

Rappelant que l’éducation ne se résume pas aux diplômes mais doit avant tout refléter l’humanisme, le ministre a annoncé qu’un nouveau plan directeur pour l’éducation sera lancé début de l’année prochaine. Ce plan mettra l’accent non seulement sur la réussite académique, mais aussi sur le bien-être, le développement émotionnel et l’apprentissage des valeurs fondamentales. Selon lui, cette approche pourrait contribuer à réduire la criminalité et améliorer la santé publique.

Pour sa part, la Présidente de l’Assemblée nationale s’est penchée sur la question de la violence intergénérationnelle. Elle a rappelé que des études démontrent que 20 % des garçons reproduisent les comportements violents observés lorsqu’ils voient leur père battre leur mère, tandis qu’une proportion similaire de filles finit par considérer la violence comme normale. « Les mains ne sont pas faites pour frapper, et l’amour n’est pas synonyme de violence », a-t-elle déclaré.

Mme Aumeeruddy-Cziffra a également mis en avant l’importance de la boîte à lettres La Colombe, qui offre aux enfants victimes un moyen discret pour exprimer leur souffrance. Elle a cité l’exemple de l’initiative Papillon en France, où des dispositifs similaires ont permis de détecter des cas d’abus sexuels et d’autres formes de violence faite aux enfants, conduisant à la poursuite des auteurs.