L’évolution du Parti Travailliste de Maurice de Emmanuel Anquetil à Navin Ramgoolam »
L’évolution du Parti Travailliste de Maurice de Emmanuel Anquetil à Navin Ramgoolam »

Le Parti Travailliste mauricien (Labour Party) a été fondé le 23 février 1936 par le docteur Maurice Curé, entouré de plusieurs figures importantes : Jean Prosper, Pandit Sahadeo, Emmanuel Anquetil, Guy Rozemont, Hassenjee Jeetoo, Godefroy Moutia et d’autres militants.
Leur objectif principal était de défendre les droits des travailleurs des plantations de canne à sucre et des industries, qui vivaient alors dans des conditions précaires.
Le parti s’inspire du mouvement travailliste britannique et de la Fabian Society, prônant la justice sociale, l’égalité et la démocratie.
Le contexte de l’époque était marqué par la crise économique mondiale des années 1930, la chute des prix du sucre et la pauvreté extrême de la population ouvrière. Le Parti Travailliste devient ainsi la première grande formation politique à représenter la classe laborieuse mauricienne.
Dès sa création, le parti s’engage dans des luttes syndicales et sociales. En 1937, les émeutes de l’Union Flacq éclatent, conséquence directe des conditions de travail injustes dans les plantations. Ces événements marquent un tournant : le gouvernement colonial reconnaît la nécessité d’améliorer la situation des ouvriers.
En 1938, le Parti Travailliste organise pour la première fois à Maurice la Fête du Travail (Labour Day), qui deviendra plus tard un jour férié officiel célébré le 1er mai.
Malgré la répression coloniale et les divisions internes, le parti gagne en influence, grâce à des leaders comme Emmanuel Anquetil, qui milite activement pour le droit de vote universel et l’accès à l’éducation pour les enfants des travailleurs.
Après la Seconde Guerre mondiale, de nouvelles réformes constitutionnelles introduisent un suffrage plus large.
Aux élections de 1948, les premières sous la nouvelle constitution, le Parti Travailliste remporte une victoire importante.
Sous la direction de Guy Rozemont, le parti devient la principale force politique du pays, représentant la voix des travailleurs dans un système encore dominé par les intérêts coloniaux et sucriers.
Rozemont milite pour une autonomie politique accrue et pour la justice sociale. Il meurt en 1956, mais laisse un héritage profond dans l’histoire politique mauricienne.
Après la mort de Rozemont, Sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR) prend la tête du Parti Travailliste. Sous sa direction, le parti se transforme : il passe d’un mouvement ouvrier à un parti nationaliste et réformateur.
SSR conduit les négociations constitutionnelles avec la Grande-Bretagne et joue un rôle clé dans la lutte pour l’indépendance de Maurice, obtenue le 12 mars 1968.
Le Parti Travailliste forme alors le premier gouvernement du pays indépendant, en coalition avec le PMSD et l’IFB.
Durant les premières années d’indépendance, le Parti Travailliste met en place plusieurs réformes sociales et éducatives :
Éducation gratuite pour tous
- Développement des infrastructures
- Création d’un système de santé public solide
- Cependant, dans les années 1970, le parti fait face à des tensions internes, à la montée du MMM (Mouvement Militant Mauricien) et à des grèves ouvrières.
En 1982, le Parti Travailliste subit une défaite historique, ne remportant aucun siège au Parlement.
