Des tables rondes relancent les efforts de lutte contre les violences basées sur le genre à Rodrigues

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Dans le cadre de la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG), une journée spéciale Rodrigues s’est tenue aujourd’hui au Sir Harilal Vaghjee Memorial Hall, suivie d’une table ronde consacrée à l’examen de la situation des VBG à Rodrigues.

L’événement a réuni la Speaker de l’Assemblée nationale, Mme Shirin Aumeeruddy-Cziffra ; le ministre des Technologies de l’information, de la Communication et de l’Innovation, le Dr Avinash Ramtohul ; des députés ainsi que des membres du Caucus parlementaire pour l’égalité des genres ; et la représentante résidente du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour Maurice et les Seychelles, Mme Alka Bhatia. De jeunes recrues de la police rodriguaise étaient également présentes.

À l’initiative de la Speaker et du Caucus parlementaire pour l’égalité des genres, avec le soutien du PNUD, la campagne vise à sensibiliser le public à la prévention de toutes les formes de violence à Maurice, avec un accent particulier sur les VBG.

Dans son allocution, la Speaker a souligné que la VBG touche des personnes de toutes communautés et de tous milieux sociaux, indépendamment de leur situation socio-économique, de leur appartenance ethnique, de leur religion ou de leur lieu de résidence. Elle a appelé à une action collective afin d’éliminer toutes les formes de violence.

Concernant la montée de la cyberviolence, Mme Aumeeruddy-Cziffra a noté que l’expansion d’Internet, des technologies mobiles et des réseaux sociaux a alimenté l’augmentation des abus en ligne visant les femmes et les filles. Cette menace mondiale émergente, a-t-elle averti, comporte de graves répercussions économiques et sociétales.

La Speaker a également attiré l’attention sur les œuvres d’art exposées sur la thématique des VBG, soulignant que celles-ci dénoncent les abus, remettent en question le blâme des victimes, et encouragent la résilience ainsi que la transformation sociale. Elle a salué la contribution significative des artistes dans la lutte contre les VBG à travers la création artistique.

Dans son intervention, Mme Alka Bhatia a salué cette initiative, qualifiant la VBG de « violation généralisée des droits humains ». Elle a présenté les efforts mondiaux du PNUD pour lutter contre les VBG, par le soutien aux réformes juridiques, le renforcement des capacités policières et institutionnelles, l’autonomisation des survivantes, l’intégration de la prévention des VBG dans les programmes de développement et la prise en compte de nouveaux défis tels que la violence numérique. Elle a également évoqué les obstacles majeurs à Rodrigues, notamment les normes sociales profondément ancrées, les croyances patriarcales, la dépendance financière de nombreuses victimes vis-à-vis de leurs agresseurs et les failles dans la coordination des services.

Table ronde

La table ronde, présidée par la Speaker, a examiné les tendances actuelles des VBG à Rodrigues. Les statistiques présentées affichent 107 cas de VBG signalés en 2025—dont 14 hommes et 93 femmes—contre 98 cas en 2024, qui concernaient 21 hommes et 77 femmes. Les participants ont souligné que les normes socioculturelles, la stigmatisation, la peur des agresseurs et certaines croyances culturelles ou religieuses constituent encore des obstacles majeurs à la prise en charge des VBG sur l’île.

Les intervenants ont mis en avant l’importance d’encourager les victimes et témoins à signaler la violence et de protéger les personnes vulnérables. Selon eux, la prévention des VBG nécessite une intervention précoce et continue, notamment à travers la sensibilisation des enfants pour déconstruire les stéréotypes de genre et promouvoir des relations respectueuses. Parmi les stratégies clés discutées : des programmes éducatifs complets en milieu scolaire, l’autonomisation des femmes et des filles, l’implication active des hommes en tant qu’alliés, la transformation des attitudes sociales envers les rôles de genre, et la création d’environnements sûrs favorisant l’égalité et rompant les cycles de violence.

L’importance de données fiables pour orienter les politiques publiques et assurer que les interventions répondent efficacement aux réalités vécues par les survivantes a également été mise en avant. Par ailleurs, la montée des violences numériques — incluant cyberharcèlement, traque en ligne et autres formes d’abus digitaux visant principalement les femmes — a constitué un autre point clé des discussions.