Après 60 ans, un médicament contre le diabète révèle un effet inattendu sur le cerveau
Après 60 ans, un médicament contre le diabète révèle un effet inattendu sur le cerveau

La metformine est prescrite depuis plus de soixante ans aux personnes atteintes de diabète de type 2 pour réguler leur taux de sucre dans le sang, mais son mode d’action exact restait jusqu’ici partiellement incompris. Selon un article publié le 23 novembre 2025, une nouvelle étude révèle que ce médicament agirait directement sur le cerveau, une découverte majeure susceptible d’ouvrir la voie à de nouveaux traitements.
Des chercheurs du Baylor College of Medicine, aux États-Unis, ont mis en évidence une voie cérébrale par laquelle la metformine opère, en plus de ses effets connus sur d’autres processus biologiques dans le corps. Jusqu’à présent, il était admis que la metformine réduisait le glucose sanguin principalement en diminuant la production de sucre par le foie, avec une action complémentaire via l’intestin. Les scientifiques ont toutefois décidé d’explorer le rôle du cerveau, reconnu comme un régulateur central du métabolisme du glucose.
Des travaux antérieurs avaient déjà montré que la protéine cérébrale Rap1 jouait un rôle dans ce métabolisme, notamment dans une région du cerveau appelée l’hypothalamus ventromédian. Dans l’étude de 2025, des expériences menées sur des souris ont révélé que la metformine atteint cette zone précise du cerveau, où elle agit en désactivant la protéine Rap1. Chez des souris génétiquement modifiées ne possédant pas cette protéine, la metformine n’avait plus aucun effet antidiabétique, alors que d’autres traitements restaient efficaces, confirmant ainsi un mécanisme cérébral spécifique.
Les chercheurs ont également identifié les neurones directement concernés par l’action du médicament. Les neurones SF1 de l’hypothalamus ventromédian s’activeraient lors de l’administration de metformine, indiquant leur rôle direct dans son efficacité. Cette découverte pourrait, à terme, permettre le développement de traitements beaucoup plus ciblés et potentiellement plus efficaces.
Déjà reconnue pour sa capacité à réduire la production de glucose par le foie et à améliorer la sensibilité à l’insuline, la metformine semblerait donc agir aussi par l’intermédiaire du cerveau. Ces résultats devront toutefois être confirmés chez l’être humain avant toute application clinique élargie. Si ces données se confirment, elles pourraient permettre d’optimiser l’usage de ce médicament et d’en renforcer les effets.
La metformine est également étudiée pour ses effets protecteurs sur le cerveau et sur le vieillissement. Elle est classée comme un gérothérapeutique, c’est-à-dire un médicament capable de freiner certains mécanismes du vieillissement, notamment en limitant les dommages à l’ADN et en stimulant des gènes associés à la longévité. Des études précédentes ont déjà montré qu’elle pourrait réduire les dommages cérébraux, augmenter l’espérance de vie et même diminuer le risque de développer un long COVID.
En 2025, une étude menée auprès de plus de 400 femmes ménopausées a montré que celles traitées par metformine présentaient un risque de mortalité avant 90 ans réduit de 30 % par rapport à celles traitées par d’autres antidiabétiques. Ces données renforcent l’intérêt croissant des scientifiques pour ce médicament au-delà de son usage traditionnel dans le diabète.
Bien que généralement sûre, la metformine peut néanmoins provoquer des effets secondaires, notamment des troubles gastro-intestinaux comme les nausées, les diarrhées ou les douleurs abdominales, touchant jusqu’à 75 % des patients. Des complications peuvent aussi survenir chez les personnes atteintes d’insuffisance rénale, ce qui impose une surveillance médicale stricte.
L’ensemble de ces travaux, publiés dans la revue Science Advances, change profondément la compréhension du mode d’action de la metformine. Elle n’agirait pas uniquement sur le foie et l’intestin, mais également sur le cerveau, à des doses parfois plus faibles que celles nécessaires pour les autres organes. Cette découverte ouvre ainsi des perspectives prometteuses pour de nouveaux traitements du diabète et, potentiellement, pour d’autres maladies liées au vieillissement.
Author l La Rédaction
